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Poésie haïtienne d’expression française

Existence et Folie

—par Tontongi

Je m’élançai la tête échauffée le long des boulevards
dans un sursaut de fou furieux, éperdu et perdu,
perdu dans le temps et dans l’espace. Indifférent.
Puis dans la folie de l’Être contre la bête
je me réfugiai dans un petit coin sans soleil,
loin de la sueur, écrasé, et anesthésié de la vie.

Sous la fraîche fin d’été d’une nuit doucereuse,
sous la clarté éclatante d’un ciel rouge en carnaval
qui annonçait la fausse célébration d’un clown météore,
je revisitai Harvard Square, l’esprit en tension
et le cœur en repos tel un loup-garou en sieste.

Je revis là la tombe des révolutionnaires africains,
ces combattants contre l’oppression, cadavres héroïques
mais âmes déchirées pensant à leurs efforts guerriers
pour une République perverse qui laisse sans conscience
leurs sœurs et frères et pères et mères périr inconsolés
dans la géhenne d’un monde qui fait souffrir sans cesse.

À Harvard Square je retrouvai la cadence de longtemps,
la musique, le rêve sonore d’un jeune homme qui chantait
un Beatles années 1960 et un Noir qui fredonnait du rap
à l’unisson avec l’artiste qui peignait les visages creux
du groupe de jeunes filles de collège, ennuyées et dupées
qui usaient des services érotiques pour tester leur beauté
avec un vague espoir de multiplier leur chance à la célébrité
en immortalisant leur passage dans un coin de Cambridge:
le tout m’enivrait d’une bonne humeur tranquille, réjouie.

C’était pourtant bien moi l’homme qui les regarda
en sourdine, dans une allure fugitive, transitoire.
J’étais en contrôle et du temps et de leur destinée.
Sous mon regard ils devenaient des contingences
piégées et trappées dans l’insignifiance cosmique.
Je me disais en moi-même que la fête est un leurre,
parce que demain je me joindrai à l’Armageddon final
pour rompre l’équilibre et redistribuer le temps.
Je déblaierai la nature de leur vêpre oppressive;
je deviendrai feu, feu de l’enfer, en rébellion, endiablé,
fou de la hantise de restaurer la jouissance de mes sens:
J’aurai détruit en passant nos candeurs hypocrites stupides!
Je pensai sitôt à la folie heureuse du fou Marcel Kòkòb1

Ébloui, je longeai l’Avenue du Massachusetts
via l’université MIT2 où je fis connaissance d’un rat gras
qui choquait mon émoi par son audace galante
et son grand sens des choses;
je jouis de son défi d’être,
de sa gloire vitale.

J’adorai follement sa présence conquérante
dans ce laboratoire de délires malsains!
Que faisait-il ce rat aux seins de cette folle École-Science?
Voulait-il la défier ou s’en simplement moquer?
Frissonnant de surprise je l’acclamai mon héros légendaire
pour avoir perverti le cerveau au profit de la hardiesse suicidaire;
le gros rat était auréolé d’une majesté sublime, grave et animale,
son miracle fut de duper l’âge nucléaire par sa grâce malicieuse!

Puis je me rendis compte de ma nature de revenant3,
de réfugié haïtien propulsé d’une terre de violence
tombé au bord de l’eau, eau froide et vaste,
loin, loin de la terre pétrie,
au milieu d’un Harvard Square déboisé
mais bourré de yuppies4 fiers
fiers de la splendeur des magasins.

Indolent je me plongeai dans l’inner-cité de la République,
l’hypocrisie se cachant cette fois sous les titres
des gros livres qui exaltaient la pompe et encore l’ennui.
Le tout se transformait en une lucidité fluide, spirituelle,
transcendée par le temps et sans grande importance.
En un simple instant mon regard avait recrée une hypnosie
sous l’hallucination captivante entre la chose avec sa vérité;
je devenais Dieu, le square, les passants, étudiants frustrés;
je m’identifiais surtout avec la merde, les sans-logis,
clochards et tout autres rebelles de la nouvelle conscience
qui se foutaient grandiosement de l’étiquette nobiliaire.
Perdu dans l’inexistence je recréais une autre cosmologie,
je réinventais l’ontologie des funérailles renaissantes!
Et tout devenait conflit mais aussi paix, paix éternelle.

Et la pluie inondait avec une violence furtivement divulguée
tous les coins du boulevard et même les allées immondes;
elle pénétrait désormais le creux pestiféré de la conscience
de ce monde malade et recroquevillé sur sa grandiloquence.
Le gouffre entre la chair, l’esprit et l’abîme devenait symbiose,
et confort pour une société heureuse dans la pathologie.

Et dehors je m’élançai dans la quête de l’homme impossible.
Je voulais savoir comment la vie se vivait, savoir comment
une rue désertée en cet instant suprême vivait sa solitude,
comment elle respirait la lavande au-devant de la canaille.

Le bar où je me rendis était d’une humeur sensible et gaie;
ce jeune homme qui m’approchait d’abord me désapprouvait,
puis regagnant son élan sous le coup de mes dires, hébété,
il décidait de s’avouer un gros bel imbécile sans façon:
«Vous êtes un Haïtien combattant, je crois» disait-il, humilié;
je lui passai un regard qui disait: «Voyons, tout se comprend»
Mais un instant après il caressait tendrement sa copine:
Sa façon de me dire que tout n’était qu’un malentendu…

La mort vient toujours par la porte sur la cour, en cachette.
La nouvelle de mes morts m’est toujours une foudre éclatante;
elle me surprenait souvent dans l’ambiance de l’ultime plaisir.
Même la tuerie ordinaire des putschistes ou d’autres macoutards
m’exaspère comme un scandale d’un miraculeux entendement:
j’ai honte et mal de cet état dégradant qui tue et qui fait tuer…

De temps en temps le temps m’est revenu comme un châtiment
en pensant à mes frères et sœurs et mes entrailles décédés;
je les revois tous ensemble en silence, chacun béatifié, belles
comme mes sœurs Noelia, Isabella, Olympia, Mablia et Boleta
ou mes frères Kodo, Ernst, Gregory, Tako et autres familiers
morts dans un matin d’angoisse sans un verre de café,
morts-inexistés qui n’avaient jamais eu droit à la vie!

Attristé et fâché je protestais sans relâche l’affront
de ces morts arbitrairement dévolues par l’Homme;
morts décidées dans un bureau climatisé, sur la plage
ou dans la chambre d’une prostituée chansonneuse
si ce n’est simplement dans l’oubli de la vie…
Des morts socio-économiques de production de masse,
comme le beurre, les voitures, les chaussures, la pute;
mort comme l’œuf qui tombe sur l’asphalte, la mort
de tout un peuple qui se meurt dans la contingence.

En dépit des pleurs qui s’écoulent et s’épuisent
d’autres petites vies libérées s’épanouissent ça et là,
ça et là sur la plage, dans la rue ou même dans l’exil
où nous embrassons la merveille d’être à l’improviste,
avec un état d’une sainteté infinie qui réjouit l’esprit;
le déchet est auréolé dans l’odeur du sexe, de la sueur
pour former un printemps fait d’émotions exaltantes!

Je travaille avec des jeunes qu’on déclare dérangés,
mais qui approchent la perdition avec grande élégance:
l’élégance rebelle de la vermine qui contamine le luxe.
Ils appellent la merde la merde sans trop de cérémonie,
en rébellion contre un monde qui célèbre la jeunesse
tout en réifiant les jeunes par des formules d’ordinateur.
Ils souffrent et pleurent mais ils font l’amour et rient;
ils rient et tuent mais s’enivrent d’une tendresse pure,
d’une grande émotion d’exister qui neutralise l’horreur!
Ils vivent parce qu’ils savent que la mort attend à côté.

Mon Ernst décédé s’est réincarné dans le visage de Paul,
un autre ange entaillé, enseveli dans le Service Social;
autre petit Genet qui choisit la merde contre le cimetière!
Paul conquit la cuisine comme César la Gaule; avec joie;
par sa présence d’esprit il contrôlait l’action avec style.
Avant qu’un esprit fin ne s’aperçoive du grand malentendu,
il sert à manger à tout le monde et s’acquitte de sa tâche
avec l’excellence de l’orgueilleux consciencieux. Pieux!

Tu sais, chez moi on tue et incendie en ce moment présent5;
nos sangs s’écoulent goutte par goutte, mouillés dans le pleur
et transfusés dans les artères de la contingence historique.
On tue en pleine mer comme du temps des pirates égorgeurs;
nous nous noyons angoissés dans l’infini macabre, en silence.
Nous ne rions plus qu’avec des larmes séchées, déshydratées;
nos os sont devenus moelleux, softwarisés au bureau,
l’artiste peint les lancements aéro-spatiaux de la NASA6,
sans oiseaux, sans nuages, avec des images recomposées;
il refait la scène avec les beaux motifs de la mort.
On tue et brûle et s’enivre d’un nouvel ordre barbare
qui interdit la vie, la sueur, le sexe, le rhum et la colère!

Heureusement, même au sein des douloureuses géhennes
ces jeunes trouvent toujours des raisons de s’affirmer;
ça et là ils s’épanouissent dans le temps, dans l’espace;
ils grimpent la montagne immense au galop, essoufflés
ils embrassent la merveille d’être, le plaisir du moment
dans un tourbillon d’émotions qui sanctifient l’Exis.
L’irruption de l’aurore, vent tendre d’un printemps ébloui,
l’odeur orgasmique d’un sexe exalté, l’odeur d’un bon café
recréent l’essence de l’existence en transcendant la mort.
Délaissés, malmenés, dans le désert de la finance spéculative,
au fond d’une grosse boîte moiteuse, ces enfants sont pourtant
les plus beaux enfants qu’eût engendrés la terre innourricière!

Et l’ennui et la nuit et l’ennemi s’intercalent dans la hantise
d’emprisonner l’espace et arrêter le temps pour tuer l’Étant;
pourtant mon souffle s’associe au néant pour révéler sa gloire.
Héros de ma propre triste légende j’embrasse le sublime,
je m’accouple à l’Autre, être perdu, méprisé, menacé et violé
pour tromper les dieux, et jouir de ma conquête sur l’honneur.
À Harlem, à Roxbury ou à la Cité Soleil on défait l’ordre vital,
la lune est estropiée, déchirée; sa lueur devient toxique et tue;
l’arbre meurt épuisé, dégradé, remplacé par le musée botanique
tandis que la reproduction de la vie est calculée avec géométrie;
et le tout redevient une grande fête funéraire; un bel happening.

Après qu’ils ont déchiqueté la chair les bâtards lancent l’assaut
sur l’esprit de la chair et sur tout ce qui se meut, le mouvement
et l’élan de la conscience rebelle deviennent fugitifs de la peur;
le mouvement devient l’ennemi et le bureaucrate le Procureur
dans une logique d’étouffement qui «climatise» l’oxygène vital:
«De l’air! De l’air!» crie le poète7, sable en main, il s’enfonce
tête brûlée contre la peur qui atrophie. De l’air! Beau cri de défi!
Entre-temps le doyen de Tufts8 devient le grand dieu qui crée,
il recrée un univers de plomb, puissant et impérieux. Rocheux.
Il légifère sur l’âme comme on vote une commission de tables,
son geste devient norme, l’ordre de la conformité, la légitimité;
sa sagesse produit les pleurs comme l’ouragan la perte. Sage.

Or quand tout sera détruit restera encore le vide,
le vide pour recréer l’espace et regagner le temps.
La vie est un grand leurre qui n’accable que l’idiot
dans un jeu de miroir impeccablement mis en scène;
une grande mystification pour déboiser l’Être, toi,
et moi remplacés par la chaise, la bâtisse, l’image:
Refusons la piété et devenons la levée du soleil!

—Tontongi Boston, 1993

1.Fou célèbre de Port-au-Prince durant les années 1950–1965; il fut le dada des enfants contre lesquels il manifestait des sautes d’humeurs redoutables.
2.Massachusetts Institute of Technology, la plus fameuse université des sciences physiques et de la haute technologie aux États-Unis.
3.Exprimant, dans la mythologie vodou, la reparution soudaine d’une personne décédée pour horrifier les vivants.
4.Young Urban Professionals—classe de jeunes bureaucrates ambitieux aux États-Unis.
5.Ce texte, remanié en juin 2000, a été écrit originalement en 1993, soit durant le régime militaire proto-fasciste qui renversait le premier gouvernement de Jean-Bertrand Aristide.
6.National Aeronautic Space Administration, l’agence fédérale américaine en charge des explorations aérospatiales.
7.En référence à J. Lopez Pacheco, poète anti-franquiste.
8.En référence à un doyen à l’Université Tufts dans le Massachusetts, redouté pour ses pouvoirs et sa tendance à manipuler défavorablement la chance des candidats à la promotion.

Mouvance*

En sommeil sur le toit sacrilège
mon cheval danse
pour le salut des enfants brouillés par la peur
Les pierres chaudes que l’on soûle d’élixir
les pierres que l’on n’a pas vues ou qui changent
de linge à chaque saison
laissent la plaie fermée
au carrefour du danger
pour courir à l’appel du bois
Si tremblent dans l’eau mes cheveux
qu’une étoile broute
la maîtresse en chair d’émeute
apparaît sur mon doigt d’exil.

—René Bélance

*Ce poème est extrait de la revue trimestrielle «Rencontre», numéro du décembre 1989, publiée en Haïti par le Centre de Recherche et de Formation Économique et Sociale pour le Développement (CRESFED).

Le Bateau et le Capitaine

Un bateau sans capitaine
aux mutins livrés
et de pirates assiégé
perd le nord
dans la tempête
et fait eau de tous bords

un capitaine sans bateau
lâché dans la jungle
son royaume perdu
escalade les nues
et le retour interdit
voyage autour de la nuit

un bateau sans capitaine
un capitaine sans bateau
se cherchent sur les eaux
entre l’aigle et les requins
qui dévorent nos enfants
se joue notre destin

le bateau démâté
a traversé l’orage
la révolte a brisé
les barreaux de la cage
le capitaine libère
les oiseaux de l’espoir

—Paul Laraque Mount Vernon, le 13 février 1994

Une indienne parle à Jésus*

Je tends vers toi des mains glacées
Toi qui eus les mains transpercées
Par des mains de toujours dressées
Pour lapider et pour blesser.

Je tends vers toi mon jeune front
Que couronnent des cheveux blonds
Où je sens des doigts qui refont
Ton sceptre en serpent de chardons.

Avant Toi trônait la Lumière.
La source, le parfum, le lierre,
L’homme, tout était en prière
Quand le jour ouvrait ses paupières.

Dès que ton gibet fut planté
Les arbres ont senti monter
Un sanglot de sève ignoré
De la poitrine de l’été.

Un pollen de douleur subtile
Est tombé sur nos cœurs nubiles
Et les ténèbres cil à cil
Ont contraint nos yeux à l’exil.

—Jean F. Brierre

*Nous remercions le camarade, poète, rédacteur de la revue Ruptures, Edgard Gousse, qui a fait parvenir à Kwitoya, co-éditeur, rédacteur de la revue Tambour, un exemplaire du numéro 5 de Rupture (la revue des 3 Amériques) où il a pu extraire ce pathétique poème du très brillant poète haïtien, malheureusement emporté, avec tout le poids de son âge, par la mort jalouse.

Non

Écoutez mes amis
écoutez-moi camarades et
rassurez-vous mon tambour est bien
au soleil
le chaud soleil des moitié-morts
des morts vivants et des morts
ce résistant soleil des montagnes et des plaines
mais jamais à la blême concorde
Ô non non non
il ne peut sous des feuilles jaunies
et colifichets grisâtres
cacher le crime de l’autre sur les Autres
pour être soi-même sur l’estrade
rouler au festin des tueurs de l’espoir
sa compose maculée de sang
jouer à des honneurs roublards
avec des âmes pleurantes à la ceinture
avec des vies sacrifiées en son nom
avec l’oiseau traqué sur la tête
Il n’a pas non plus de plaisir à chanter
avec du sang caillé dans la gorge
à sourire comme le jour
sur les velours de la nuit
où se jouent à l’avance
les scènes de l’horreur dont
c’est plutôt sur la grande fosse commune
aucun arbre touffu ne cache le soleil
qu’il veut s’en aller détremper son cuir
emplir ses yeux de fulgurantes flammes
pour jouer en chœur au tonnerre
au feu
à la révolte
à la guerre
avec ces âmes qui pleurent dans le deuil
avec ces vies qui se sont sacrifiées
avec cet oiseau traqué
avec ces cœurs pénitents qui s’ennuient
des étreintes de l’exil
et ce rêve de bonheur qui siège à ciel ouvert
dans leur chant d’espoir et de courage.

—Kwitoya

Lettre à la tant aimée
(écrits d’un rêve)

Je n’oublie jamais Gisèle ce coin de terre où le beau temps nous avait conviés. Libre comme une gaie colombe tu roucoulais à mes douze ans ta chanson ensorcelante qui nous ensorcelait tous les deux. Et le temps ce matin-là s’était soumis à notre enchantement. Des éclats de soleil dans tes yeux firent saillir nos baisers. Nos corps suèrent d’une douceur éditée sur les murs du jardin et qu’avec des notes révolutionnaires nous entonnâmes en son honneur des sonnets immaculés que nous ne pouvons oublier… Ah! Que de tours du monde en croisière libidineuse…! Que de petits univers avions-nous crées pour les petites secondes de ce qu’il y a de beau que nous avions vécu! Voulons-nous croire que tous ces souvenirs sont à défier la rouille des millénaires à force qu’ils sont profonds et fort beaux—c’est du moins ce que jamais la bêtise humaine ne saura ravir à notre existence d’amoureux ces petites portes ouvertes à notre liberté. Et c’est par la beauté et le profond de ceux-là que nous espérons tout en refusant l’impunité au bénéfice des tueurs du beau et de la raison pouvoir endiguer le torrent de l’instant présent nous mettant en péril pour retrouver l’espace qui nous était propice et tant agréable. Ma chérie notre amour pleure quelque part il ne peut avec ses sourires se tenir sous cette pluie de sang et d’orages. Moi ton amant ingénu ce rêveur candide ne peut lui aussi sourire à la triste déraison des uns et des autres. Permets que j’aille au secours de notre tant aimé allumer un grand brasier rouge comme ton sang dehors le sang inoffensif des enfants crevés le sang des grands et petits mitraillés. Ô Toi, femme de mes souvenirs splendides va à l’horizon préserver dans les vierges forêts le beau le franc l’humain que nous avons ensemble crées…! Et je te reviendrai, crois-moi!

—Kwitoya janvier 1994

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