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À l’occasion de la fête des mères haïtiennes et de sa 31ème année d’anniversaire de représentation, le théâtre populaire haitionophone, Teyat Lakay, présente la dernière pièce de Fritz Dossous (Papadòs), Bònatoufè, le dimanche 30 mai 2010, au Strand Theater à Boston, de 19h00 à 22h00. Le Strand Théâtre est situé au 543 Columbia Road, Dorchester ; (617) 635-1403. Le critique Franck Laraque lui a consacré un profil.

Profil de Papadòs : Paladin de la culture populaire créolophone

—par Franck Laraque

Situer Papadòs

André Fritz Dossous (Papadòs), à l’encontre de la plupart des écrivains haïtiens de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie francophones qui ont le mérite d’utiliser leur art pour se mettre dans la peau des paysans ou prolétaires, fait partie de la nouvelle génération des Languichatte, Frankétienne, Denizé Lauture, éminents écrivains organiques de la culture populaire créolophone qui ont souffert dans leur chair l’oppression des classes dirigeantes. Papadòs offre, en outre, la particularité de n’écrire qu’en créole (de rares écrits exceptés). Ce qui peut expliquer que ce dramaturge génial et acteur exceptionnel, connu du public populaire, vit à Boston dans une demi-obscurité littéraire. Teyat Lakay joue, le 30 mai 2010, au Strand Theatre (Boston), Bònatoufè, la dernière pièce de Papadòs, à l’occasion de la fête des mères haïtiennes. Nous nous glorifions d’offrir, en la circonstance, le profil hâtivement écrit de notre ami Papadòs, en deux parties : une notice biographique et une notice littéraire consacrée au théâtre de ce dramaturge qui est à la fois fondateur et directeur de Teyat Lakay, décorateur, acteur depuis plus de trente années. En somme, un rare phénomène littéraire de la plus haute qualité. Notre article qui prend si grandement en compte les renseignements biographiques, pièces et commentaires communiqués par l’auteur, à notre demande, aurait pu s’intituler « Papadòs par lui-même ».

Notice biographique

André Fritz Dossous (Papadòs) est né le 22 juin 1941 à Pétionville (Haïti). Son père André Matheis Dossous, de Mayotte (Pétionville), maçon de profession, ne s’est jamais soucié de son fils. Sa mère, Suzanne Jean, née dans le morne Okade, a quitté son patelin très jeune pour se rendre à Pétionville, gagner sa vie comme commerçante ambulante aux marchés de Pétionville et de la Croix-des-Bouquets et assurer seule l’éducation de son fils bien-aimé. Fatiguée néanmoins de la turbulence agressive de son gosse qui, âgé de 9 ans, avait cassé, en une semaine, la tête à 5 de ses condisciples, elle l’envoie au morne Okade calmer son humeur guerrière capable de leur causer de sérieux ennuis. Son oncle Lwima le prend en main. Papadòs connaît le sort du petit paysan qui, une lourde charge à la tête, accompagne Madan Lwima au marché de Pétionville. N’étant pas né dans le milieu rural, la transition est évidemment difficile. Rebuté, il tente de prendre la poudre d’escampette quatre fois sans grand succès. Tonton Jolibois, revenu de la ville après une visite à sa sœur Suzanne, annonce que des prêtres vont ouvrir une école non loin de chez elle. Voyant cette école comme une planche de salut, Papadòs convainc Tonton Lwima de le retourner à la garde de sa mère pour qu’il se rende à cette école. Ce qui est fait. Inscrit à l’École des Frères Salésiens de Pétionville, il se consacre à l’étude et aux examens du premier trimestre est le lauréat de sa classe. Complimenté, il pleure de joie. Il a désormais trouvé sa voie. Il fait sa première communion, sa confirmation. Enfant de chœur, il entend de près le latin des prêtres qu’il interprétera plus tard ineffablement dans un poème. On ne lui donne pas la chance de poursuivre ses études. Il est mis à la porte sous prétexte que sa mère est une adepte du vaudou. Elle ne se tient pas pour battue et l’inscrit à l’École d’Alphonse Loiseau ou Institution Frère Jules. Le directeur, surnommé Konkonn, est célèbre à cause de ses multiples talents. Il dirige une troupe de danses folkloriques, une troupe de théâtre, une chorale et chaque année fait jouer deux pièces de théâtre. Son apprentissage au théâtre commencé chez les Salésiens est encouragé par Loiseau qui l’intègre dans sa troupe lorsqu’elle se produit au Théâtre de Verdure, à Port-au-Prince. Lauréat aux examens de Certificat d’Études, il doit rester deux ans sans aller à l’école, n’ayant personne pour le recommander à un lycée de Port-au-Prince. Finalement, grâce à un coéquipier du football, feu Yves Romain (Achou), il est reçu au Collège Simón Bolívar où Otto Louis Jacques est son professeur de latin. À Pétionville, il a eu la chance de rencontrer Félix Morisseau-Leroy dont il devient un fanatique et qui a écrit Tisonson, la première pièce à laquelle il a assisté. Il en a vu d’autres au Teyat Pétionville, fondé par Morisseau au Morne Hercule. Un théâtre aux « murs » et toit faits de pailles de cannes-à-sucre qu’« il prenait d’assaut » c’est-à-dire où il entrait sans payer l’entrée, en se frayant un passage à travers le fragile entourage de pailles. Nous doutons fort que Morisseau l’ait jamais su. Il me revient à la mémoire que ma femme Anne Marie et moi étions parmi les rares spectateurs de l’adaptation de Médée par Morisseau-Leroy représentée à ce théâtre. La légendaire Médée, de la mythologie grecque, abandonnée par son mari Jason qui épousa Créuse, la fille de Créon, roi de Corinthe a juré de se venger de l’infidèle. Elle offrit en cadeau à Créuse une couronne et une robe empoisonnées qui la brûlèrent vive et incendièrent le palais royal. Elle ne s’en tint pas là. Elle égorgea de ses propres mains les enfants nés de son mariage avec Jason. Le rôle de Médée était joué par notre grande dame du théâtre haïtien, feue Wanda Wiener, de très regrettée mémoire. Nous aimons à nous imaginer que Papadòs avait ce soir-là aussi pris d’assaut cette représentation et était avec nous. Cette adaptation par Morisseau-Leroy de la tragédie d’Euripide préfigure son adaptation Antigone en créole de la pièce Antigone de Sophocle. Une adaptation qui a un tel succès qu’elle est jouée en 1959 au Théâtre des Nations à Paris. Après une année au Collège Simón Bolívar, il bénéficie d’une bourse au Collège Moderne accordée par le directeur Ernst Alcindor, à la demande du professeur Rock Raymond. Il était un fervent du football et comme membre de l’équipe Excelsior a joué au Stade Sylvio Cator et au championnat interscolaire. Arrivé en seconde, il décide de quitter cet établissement, de chercher une école professionnelle pour apprendre un métier et soulager sa mère qui s’esquintait à la besogne. Ses démarches étant infructueuses, il fait part à sa mère de son désir d’entrer au Lycée de Pétionville créé en 1963. Elle acquiesce. Il passe avec succès le bachot et la philo. Il est employé au Lycée pour l’enseignement de la physique. Il est professeur de mathématiques et préfet de discipline au Lycée Jean-Jacques Dessalines. La mort de sa mère en novembre 1969 est pour lui une perte douloureuse, tout son monde qui s’écroule et le laisse seul. Il quitte Haïti en septembre 1972 et se rend en France où à la Faculté des sciences de Jussieu il commence ses études universitaires et suit des cours de maths, de physique et de chimie. Son séjour en terre française est de courte durée. Il arrive à Brooklyn (New York) le 15 juin 1973. Il y passe 4 ans au cours desquels il rencontre le Père Antoine Adrien avec qui il traduit en créole Gouverneurs de la Rosée de Jacques Roumain. Il fréquente le State University of Farmingdale, tombe amoureux de Françoise Coriolan. Ils vivront ensemble pendant 20 ans et auront deux filles : Suzanne et Sylviose. Il part pour Boston en 1977. Il fonde Teyat Lakay en 1979 et joue sa première pièce Cliché d’une Époque le 26 août 1979, à l’auditorium de l’Église St. Angela à Boston. Après de nombreuses années d’études il est titulaire d’une maîtrise en éducation secondaire et d’une licence ès-sciences en électrotechnique (Masters Degree in Secondary Education/ Eastern Nazarene College, Quincy, MA, and Bachelor Degree in Electrical Engineering/Northeastern University, Boston). Expertise en logiciel, Internet, Microsoft Windows, Macintosh OS et Microsoft Office. Emploi : de 1987 à aujourd’hui, professeur de mathématiques (9th–12th grades) successivement à Boston High School, Boston ; à Hyde Park High School, Hyde Park, MA ; à Madison Park Technical Vocational High School, Roxbury, MA.

Notice littéraire

Cette notice est consacrée exclusivement au théâtre du dramaturge. Elle omet, à dessein, sa poésie non moins remarquable. Les titres de ses recueils et de ses poèmes publiés ailleurs font partie de la liste de ses œuvres. Il n’oublie pas ceux qui consciemment ou inconsciemment l’ont encouragé dans le choix du théâtre comme vocation. Alphonse Loiseau qui l’emmenait avec sa troupe jouer au théâtre de Verdure, à Port-au-Prince, alors florissant. Félix Morisseau-Leroy avec son Teyat Petionville et Dyakout. Plus tard à Miami, Morisseau s’asseyait à la première rangée à la représentation des pièces de Papadòs dans cette ville. « Moriso te toujou sonje-m. Li pat janm bliye-m », dit-il. Voici ce qu’il écrit de l’influence de Frankétienne : « Nan Lycée Pétionville mwen te gen lejand jeni Franck Étienne pou pwofesè Sciences Sociales mwen. Mwen te vle soti tankou-l. Se te wòl modèl mwen. Lè m’ap etidye m te konn chare-l. Franck te konn envite-m nan lekòl li prèske chak desanm pou-m bay elèv li yo blag mwen ekri ak pwezi kreyòl mwen. Mwen te toujou reponn prezan. » Fritz Petit, mathématicien et fanatique du théâtre qui avait joué avec succès le Roméo et Juliette de Shakespeare, l’a mis en contact avec Théodore Beaubrun (Languichatte). Il était désormais un familier de la troupe de celui-ci qui l’a emmené en tournée dans les provinces et pour la première fois à Boston dans la représentation de Qui a tué Bacavil ? Nous pensons que le théâtre de Papadòs reflète la fulgurance de l’imaginaire de Frankétienne, la densité du réel de Morisseau et l’oralité pétillante de Beaubrun.

Théâtre

Papadòs a écrit 22 pièces dont deux seulement ont été publiées : Rochnansolèy (1994) et Nan Soulye Washington (1995) et vingt d’entre elles représentées à Boston, à Miami, à New York, à Montréal et à Port-au-Prince. Nous en donnerons les titres dans la liste de ses œuvres. Ces deux publications et les brouillons de 4 autres pièces en notre possession nous permettent de déceler deux chaînes de productions : une première chaîne dont le thème principal est la lutte des classes dans l’arène politique avec Nan Soulye Washington (alliance du politicien retors haïtien et Washington), écrit en mai 1990, Ròchenansoleil (prolétariat versus bourgeoisie) écrit en août 1991, Zansèt Yo Leve, écrit en novembre 2002.

Une deuxième chaîne avec quelques retombées de la lutte des classes dans le social : Manman pa Janm Sevre Pitit ; Manman Priye Pou Mwen ; Madmwazèl Seduizi ou Lanmou Makiye.

Analyse du théâtre

Cette analyse se fera en deux temps. Dans un premier temps l’analyse des deux pièces publiées : Nan Soulye Washington et Ròchenansolèy. Dans un deuxième temps celle des pièces qui seront publiées « si Granmèt la vle ».

Nan Soulye Washington (1995)

Écrit en mai 1990 Nan Soulye Washington est joué à Boston en octobre 1990, en août 1992, en août 1993, à Miami en décembre 1992 et publié en 1995. Cette comédie est didactique et pertinente pour deux raisons : 1) Elle expose les manœuvres, ritournelles, déloyautés du candidat à la présidence haïtien qui emploie tous les moyens pour arriver au pouvoir. Il flatte et courtise l’Américain, sans lequel il n’a aucune chance de réussir, les représentants des secteurs les plus importants du pays et leur fait des promesses qu’il oubliera, une fois assis sur le fauteuil présidentiel, ainsi que son programme de phrases creuses et statistiques imaginaires. Elle ouvre les yeux des électeurs sur leur inconsciente complicité en votant pour un faux jeton connu comme tel. 2) Tout en dénonçant la politique américaine qui exige pour son appui la complète servilité du candidat à l’adoption du système néolibéral, la pièce enseigne que l’Haïtien ne peut plus se contenter d’accuser l’impérialisme américain alors que c’est à lui qu’incombe la responsabilité de défendre les intérêts, l’indépendance culturelle et économique de son pays.

Les deux personnages principaux de Nan Soulye Washington, pièce en un acte et six tableaux, sont Bouldozè Konbèlann Blofeyis, candidat à la présidence et Jojo Pilon, journaliste. Le choix des noms profile leur personnalité.

Jojo Pilon, journaliste progressiste et victime de la dictature, est brutalisé, son appareil de photographie brisé, ses notes déchirées, au cours d’une manifestation contre le gouvernement dont le succès le réjouit. Fatigué, il demande au Seigneur de le protéger et de lui faire voir en rêve, puisqu’on est en pleine période électorale, quel nouveau monstre les ennemis de la patrie installeront comme Président et s’endort.

Le rêve dans la littérature et la réalité haïtienne. En littérature, le rêve ou songe, est un élément courant qui souvent annonce l’événement futur. Des séances de sommeil sont organisées par des surréalistes comme Breton, Péret, Soupault, dans leur quête du point de rencontre du rêve et la réalité. Leur influence s’exerce sur l’œuvre de Magloire-Saint Aude, René Bélance, Paul Laraque, Hamilton Garoute. Dans la réalité haïtienne, nous trouvons dans plusieurs familles un interprète bénévole des rêves et ailleurs des interprètes monnayés pour l’interprétation de rêves demandés par les joueurs de borlette. Les symboles des songes sont perçus comme des réalités par le rêveur. Pour preuves, les pets et autres réactions de Jojo durant son sommeil.

Il est donc normal que Jojo prie pour un rêve, qui révèle que le candidat Bouldozè, Konbèlann Blofeyis sera le nouveau Chef d’État. Comme l’indique son nom, c’est un politicien qui réunit les traits du candidat autoritaire, du candidat parasite et du candidat bluffeur. Alors  que des présidents ont été des ignorants (à la Jean-Claude Duvalier, nous supposons), son background est exceptionnel : « Mwen soti lan yon fanmi ki bay prezidan deja. Mwen diplome nan peyi Lafrans Alasòbòn lan syanspolitik, lan syansekonomik. Mwen diplome lan dwa tou. Mwen gen diplòm pou-m trete moun fou… Ayiti… Kanpe pou-w resevwa sovè-w. » On peut facilement se rappeler les noms des candidats munis de ces diplômes pour réaliser qu’il ne s’agit pas d’un seul candidat mais d’un personnage fictif réunissant leurs connaissances. Il fera le soleil luire en pleine nuit, sortira son pays chéri du marécage du sous-développement. Pour réaliser son plan de sauvetage, exposé dans le programme de son parti DELUGE et de sa campagne présidentielle, il lui faut absolument être le Président d’Haïti. À cette fin il doit s’assurer le concours des représentants locaux des secteurs les plus importants et de leaders internationaux. Les premiers, Monsenyè Womilyen, Jeneral Brigadò, yon bann rara, Senatè Vomiton reconnaissant sa présidentialité viendront à lui. Il appellera Boutros Boutros-Ghali et Mistè Washinton. Monsenyè Womilien, l’une des plus grandes autorités de l’église, ne lui marchande pas son appui car il est l’idole du pays. Jeneral Brigadò, Chef du Haut État-Major de l’Armée en fait autant. Il sera le bras droit de son gouvernement qui ne prendra aucune décision sans l’approbation du général. Une bande rara lui rend visite et garantit ainsi l’appui des masses. Il dit à la bande : « Kenbe-m pa lage-m… Avè-m van demokrasi a pral vante lan fetay kay ou, van demokrasi a pral gonfle lezofay ou, lan grisgonn ou. Avè-m timoun pral sispann kriye pou pen ak kafe, avè-m se lajwa, lapè, lanmou… Un peuple ne peut pas vivre de slogans et de jeux de mots. » Senatè Vomiton, représentant du sénat, l’appelle, lui rend visite et reçoit $60,000 pour son vote. Il n’arrive pas à communiquer avec Boutros Bouton Garlic, le secrétaire-général des Nations Unies. Peu importe, il se voit en bonne position : « Kite-m konte : Gwolegliz lan pòch dwat mwen, Lame lan pòch gòch mwen, Palmantò yo lan pòch bouda-m, Washington lan kè-m, nan lezofay mwen. Nan pwen pa prezidan. Lanmyann pou pèp.» Il compte les sommes reçues de ses contributeurs. Après sa prière, au pied de la Boîte Oratoire (bwatogatwa), inspirée du catéchisme duvaliériste, un coup de téléphone de la Maison Blanche le rassure. Il explose de joie. Mister Washington est Dieu et il est le fils de Dieu puisqu’il est dans les souliers du Dieu. Il est sous une protection que personne ne tentera de défier. Il avoue avoir perdu la tête mais révèle sa vraie personnalité : « Mwen pa vle pyepousyè, zòtèy boulonnen, santilaswè vin danse rara, madigra, maskawon devan rezidans mwen ankò. Rara, madigra, maskawon se lan raje sa danse. » La musique de la garde présidentielle signale son entrée en fonctions. Il annonce ce qu’il va se procurer : avions hélicoptère, femmes de toutes les couleurs et formes, les concessions qu’il fera à Washington, les amendements de la Constitution. Son cabinet sera composé de ses parents, de ses amis, des « gwo chabrak » qui l’ont mis au pouvoir. Le peuple mécontent se révolte et exige la démission du « prezidan enpòte ». Il signe sa démission, tente de s’échapper avec une valise d’argent, est attrapé par la foule et tombe mort en criant : « Anmwe lage-m, lage-m, lage-m. » Jojo se réveille. Il pense que son rêve n’est pas tout-à-fait un cauchemar puisqu’il est teinté d’espoir, de la possibilité d’un changement auquel on doit travailler pour en faire une réalité. Au dehors la nuit est encore noire et troublante. Il attendra le jour pour sortir et exercer son métier de journaliste. Il s’assied, regarde le public, interroge.

Frantz Fanon, révolutionnaire de la guerre d’Algérie, ne disait-il pas : « Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge ! » (Peau Noire Masques Blancs) et sa réponse était : «…pour nous-mêmes et pour l’humanité, camarades, il faut faire peau neuve, développer une pensée neuve, tenter de mettre sur pied un homme neuf.» (Les damnés de la terre).

Ròchenansolèy (1994)

Écrit en août 1991, Ròchenansolèy est joué pour la première fois le 4 mai 1992 au Strand Theater de Boston par la troupe Teyat Lakay. Comme son nom l’indique, la roche au soleil (ou de soleil) est brûlée par les rayons ardents du soleil à l’opposé de Ròchenandlo, la roche de rivière, qui jour et nuit se la coule douce au fond de la rivière. La première symbolise le prolétariat et le lumpen, et la deuxième, la bourgeoisie au pouvoir. L’auteur appelle ce drame un longplaying, c’est-à-dire un drame narré sans interruption de scènes, ni d’actes, dans un décor unique et 3 tableaux. Le décor est un bois touffu, loin de la ville, desservi par une route non passante. Un endroit encore paisible qui contraste avec Haïti, sous le joug d’une effarante dictature évoquée par Palmeyis, le personnage principal qui de prime abord l’étale à nos yeux en quelques phrases : « Tout zanmi m yo kraze rak. Gen sa k pran anbasad, gen lòt ki pran lanmè, gen yen bann zobop disparèt. » Il ne s’agit ni d’une analyse de caractères, ni de mœurs, mais plutôt d’un théâtre à la fois politique et de situations. Politique puisque comme nous le verrons le contenu est la lutte des classes, et un théâtre de situations puisque chaque personnage est dans une situation donnée où sa personnalité se dégage de ses actions narrées dans les trois dialogues de la pièce : le dialogue de Palmeyis Zafèpabon (Ròchenansolèy) et d’Antwàn Biennere (Ròchenandlo) ouvre la pièce et la ferme, le dialogue de Palmeyis et de Depite (Pyènanren), de Palmeyis et de Deyès Libète. Cet enfer dantesque, Papadòs ne l’a pas lu, il l’a vécu. En effet il est âgé de 14 ans lorsque François Duvalier prend le pouvoir en 1957 et de 29 ans en 1972 lorsqu’il quitte Port-au-Prince sous Jean-Claude Duvalier.

Les deux roches, produits de la nature, n’ont aucune interaction. Il en est autrement de Palmeyis Zafèpabon, représentant du prolétariat et Biennere, représentant de la bourgeoisie, deux classes aux intérêts antagoniques en raison de l’exploitation de la première par la deuxième. Une exploitation exprimée avec verve et humour par les différents interlocuteurs dans des dialogues qui sont « la substantifique moelle » de l’œuvre et contribuent à l’enrichissement de la langue.

Une pièce à clefs

Ròchenansolèy est une pièce à clefs c’est-à-dire où des personnes réelles sont présentées comme des personnages fictifs. Pour le montrer, comparons la pièce ou fiction et la réalité historique. La fiction : un homme du peuple, Palmeyis Zafèpabon, traqué par la police, prend refuge dans un bois touffu et jure d’y rester jusqu’au retour de son bienfaiteur et bienfaiteur du peuple nommé Libètiyis, exilé par le dictateur de facto qui a renversé le gouvernement. Biennere et Mistè Wachinton, son protecteur et « papa sitirè », croient pouvoir en finir avec « Youn sèt Fevriye lakontantman ». Libètiyis va au Venezuela puis à Washington. Le gros bourgeois Antwàn Biennere joint Palmeyis dans sa cachette sous prétexte de le consoler. Un dialogue s’engage entre eux puis celui de Ròchenansolèy d’abord avec Depite, puis avec Deyès Libèté. Dans leur dialogue, Palmeyis Zafèpabon (Ròchenansolèy) et Antwàn Biennere (Ròchenandlo) se définissent clairement, s’affrontent et donnent les raisons de leur confrontation verbale. Palmeyis énumère les éléments du prolétariat et du lumpenprolétariat qu’i l représente, une longue liste dont nous donnons quelques éléments : « Mwen anndan tout ti kay delabre / Mmen viv nan mitan tout galèt… Solèy midi toujou nan rèl do m… Mwen se pòtre tout domestik / Chany, bayakou, ti peyizan pyeatè… Yo rele m nèg sòt, gwo zòtey… Men san mwenmenm latè pa bay. » Aux questions de Biennere, il répond qu’ils protestent et se révoltent contre son chef, Général la Mort, réclament le retour de leur bienfaiteur, la démocratie, l’égalité, la justice, et il le menace : « Oumenm ak Jeneral Zonmbo / Nou se de mò anvakans… W ap fè frekan sou barik poud… Jou solèy la releve pou mwen / Wap pachiman kou poul mouye / Wap kagou kou chen fou / Ki pran medsin zèb ginen. » Byennere, vantard, arrogant, vilipendeur, se présente, rétorque, accuse. Il s’enorgueillit de représenter ceux qui habitent les châteaux, palais, cathédrales, ainsi que les rois, le pape, l’État, l’argent, les dirigeants du monde. Palmeyis est fou de penser au retour de Libètiyis qui a eu l’illusion d’occuper le pouvoir qu’on lui avait concédé provisoirement. Il se moque des menaces de Palmeyis, un ingrat qui refuse de reconnaître l’honnêteté, la bienveillance du patron. Un patron qui n’a jamais lésiné sur le paiement des salaires des ouvriers, plus bonus. Des ouvriers qui ont peu de besoins, se contentent de rara, de mardigras, de clairin, de pistaches et refusent d’apprendre à lire et à écrire. En partant, il crache à Palmeyis entre autres insultes : « Kontinye voye menas monte / Kontinye ponpe pwovèb anlè / Pou sa, ou pote premye pri… Lavalas te mèt desann, redesann / Youn plim sou do m pa p chifonnen / M ap toujou rete bèl Ròchnandlo / Pap, wa, leta sou tout latè. » Ils se quittent donc, chacun campé sur sa position. Aucune possibilité d’accord n’a émergé.

Des années se sont écoulées. Il a vieilli mais son courage est inébranlable. Il demande aux Haïtiens de continuer la lutte pour le bien du pays. Il revoit son passé, un chapelet de misères causées par Ròchnandlo et ses pareils. Il se rend bien compte que lui et eux sont sur deux rails parallèles qui ne se rencontreront jamais. Ce que représente pour lui et ses camarades Libètiyis : le missionaire, la lumière, l’ange protecteur, la force de vie qui lui permet de continuer la lutte de libération à laquelle il convie tous les progressistes de se joindre. Son monologue est interrompu lorsqu’il voit passer Depite Pyènanren qui feint de ne pas le voir. Il l’interpelle, lui reproche d’être un sousou, un patripoche au service des ennemis du peuple. Leur dialogue est en somme une prolongation de celui qu’il a eu avec Biennere. Depite s’esquive et menace d’envoyer les gendarmes aux trousses de Palmeyis. Ce dernier s’inquiète du sort de son protecteur. Dans son sommeil, il le cherche aux Bahamas, à Cuba, mais en fait, Libètiyis passe en coup de vent au Venezuela pour s’installer à Washington. Palmeyis, mortifié, cherche à comprendre les raisons de ce choix avec un ennemi de toujours, parmi les Kennedy dont Libètiyis partage la vie douce, la vie de Ròchenandlo. Les médisances n’entament pas sa fidélité à Libétiyis et il entrevoit le rassemblement de tous pour la création de l’aube nouvelle. Il a le temps de s’esquiver avant l’arrivée des soldats envoyés par Depite qui ne l’ayant pas trouvé, s’éclipsent. Il se prépare à reprendre sa brouette lorsqu’apparaît Deyès Libète. Elle se manifeste parce qu’étant amour et tolérance elle perçoit que les Haïtiens veulent travailler ensemble. Si Palmeyis désire vraiment le retour de Libétiyis, il doit y travailler en organisant partisans et amis, agir, cesser de se plaindre, de gémir, d’accuser. Il accepte de suivre cette voie et Biennere promet d’aider, scellant ainsi l’alliance du prolétariat et de la bourgeoisie. Ròchenansolèy a encore des doutes sur la nature de l’apparition d’une déesse au flambeau éteint qui rejoint son mari au ciel alors qu’elle est descendue sur terre pour l’épouser et de la bonne foi de Biennere, un menteur invétéré. Il sera vigilant, comptant sur l’action du converti et non sur ses promesses. Ils se quittent et prennent des directions différentes, ce qui pourrait ne pas être un bon présage. Liberté, un deus ex machina. Liberté, une déesse qui donne à la pièce un dénouement peu vraisemblable.

Réalité historique

Jean-Bertrand Aristide élu président d’Haïti prête serment le 7 février 1991. Il est renversé par le Général Cédras le 30 septembre 1991 et exilé. Il se rend d’abord au Venezuela puis à Washington. Le 3 juillet 1993 il conclut avec le Général Cédras, à Governor’s Island (New York) un accord prévoyant son retour comme Président le 30 octobre 1993. Cédant aux instances du Président Clinton il nomme Premier ministre Robert Malval, un riche commerçant et représentant de la bourgeoisie haïtienne. Il est ramené au Palais National par les troupes américaines le 15 octobre 1994.

Une comparaison entre la pièce (Ròchenansolèy) et la réalité historique montre nettement la similarité des personnes et des situations. Une similarité qui révèle le don de voyance du dramaturge qui annonce en août 1991 des événements qui auront lieu de septembre 1991 à octobre 1993.

Art du dramaturge

L’immense talent de Papadòs pour la création du comique ou du tragique se manifeste dans le choix des figures stylistiques : allégorie, antithèse, comparaison, métaphore, images visuelles et non visuelles ; des situations ; des expressions populaires choisies ou créées, dont nous donnons une idée. (Abréviations utilisées : N pour Nan Soulye Washington et R pour Ròchenansolèy)

Allégorie

L’allégorie présente de manière fictive une chose pour une autre. Le soulier (N) est emblématique de la servilité du candidat comme du président au gouvernement américain pour ne pas marcher pieds nus, c’est-à-dire pour s’enrichir et se sécuriser au pouvoir. Ròchenansolèy est représentatif du prolétariat et Ranchnandlo de la bourgeoisie, deux classes antagoniques dans la lutte des classes.

Antithèse

L’antithèse est claire dans les deux pièces. Jojo Pilon, dont le nom indique le sort, est le pauvre journaliste opposant, malmené par la police qui lui a cassé la figure, brisé l’appareil photographique, déchiré les notes prises durant une manifestation antigouvernementale, contraste avec Bouldozè Konbèlann Blofeyis, candidat pro américain sans foi ni loi, président-dictateur en progression comme tous les présidents d’Haïti, représentant classique de la droite toujours en costume de parachutiste pour prendre d’assaut le pouvoir. Cette antithèse est encore plus frappante dans R. : Palmeyis Zafèpabon, prolétaire, victime de la bourgeoisie représentée par Antoine Biennere et Depite Pyènanren, est pourchassé par la police. Ils sont emblématiques de deux classes dont l’antagonisme est décrit par Palmeyis : « Poul paka tetelang ak malfini / Ni ravèt pa dòmi nan nich poul. »

Comparaison

Jan Mapou observe avec justesse dans son introduction « Teyat se lavi » (R) : «…li (Papadòs) woule grenn mo, pou l’ bati kolye fraz pwetik pou li glise youn mesaj k’ap denonse anmenmtan k’ap bay lespwa. » Des colliers de phrases poétiques qui produisent des images inattendues, surprenantes, jamais banales, dans différentes figures stylistiques que nous citons.

La comparaison est forte, émotive, lorsqu’elle rapproche deux réalités fort éloignées qui ont une certaine analogie. Un rapprochement facilité par des expressions telles que tankou, kou, ou tout autre mot-outil. Les deux pièces en offrent en abondance, dont nous donnons quelques exemples. «…map gade chans mwen pou-m gouvènè prezidan tankou letwal dimaten k-ap klere pa revandèz sou chimen chache lavi. » (N) « Depi ou gen bon soulye Washington lan pye-w, tè Ayiti sèch pase tè pit.» (N) à l’encontre de l’expression Ayiti se tè glise. « Vwa ou gra kou vwa chat mawon. » (R) « Tankou lanmè ki pran tout plaj / Ap kimen, krache, vomi vag li / Pou fwete mechanste lanati » (R)

Métaphore

La métaphore a un effet encore plus poignant par la suppression du mot-outil dans le rapprochement des réalités différentes. Tout comme la comparaison, elle peut véhiculer des images visuelles et des images non visuelles côte à côte. Image visuelle : tout être (ou chose) qui se voit. Image non visuelle : ce qui est représenté mentalement. « Oumenm (Haïti) piyadò pa janm sispann dezabiye depi chenn kolon esklavajis te soti lan pye ou. » (N) Piyadò (images visuelles) pa janm sispann dezabiye (image non visuelle) ; chenn, kolon (images visuelles) te soti lan pye ou (image non visuelle). « Mwen vle, wi mwen vle pou chak sole ki leve pote nan souri li, pote lan machwè li tout sa ki bon pou fè kè pitit ou yo kontan. » (N) ; « Yo di mwen se pitit deyò nan larim Pèletènèl (R). Map mande tout moun ki renmen bèlte / Pou yo Kontinye lite / Pou anpeche blakawout layite / Sou po vant la verite. » (R)

Mots et expressions choisis ou créés

Ces mots et expressions populaires enrichissent le vocabulaire et facilitent la participation du spectateur à la trame, le mettent dans la pièce. Ils lui sont ou lui semblent un langage familier. Voyons quelques-uns choisis ou créés par Papadòs : « sa-k pa kontan anbake » « Tout moun egal ego, nasyonal-nasyono » (N) « Ou di, apre dans tanbou lou / Sonje men anpil chay pa lou » « nou se de mò anvakans. Mwen fout li yon so kabrit. » « Kite-m mete tigout siwo lan bouch mwen pou-m soule yo, satouyèt zòrey yo. » (N) « Wap kagou kou chen fou / Ki pran medsin zèb ginen » (R) « Figi fennen te tanmen rafrechi / Paske lespwa t ap yanvalou/Sou boulva lavi yo » (R).

Situations

Nous pensons que l’essentiel de l’art du dramaturge est ce que Sartre appelle « le désir de faire éprouver aux spectateurs ce qui se passe sur la scène ». Ce qui se passe sur la scène est une situation qui peut faire rire, comique, ou une situation qui émeut, tragique. Une situation qui définit le personnage acculé à faire un choix. Nous disons donc un comique et un tragique de situations. Exemples d’un comique de situations : Bouldozè, à genoux devant la Boîte Oratoire consacrée aux présidents américains représentés par des photos de leurs têtes, implore la bénédiction d’Oncle Sam en récitant un Je crois en Dieu de son crû ; levant le bras droit au téléphone pour jurer obéissance aux instructions du président américain ; sa danse de singe, la bénédiction reçue. Exemples de tragique des situations : Bouledozè, cerné par les forces populaires dont il a juré la perte, descend son pantalon, tombe mort, sa valise d’argent en main. Les dialogues où Palmeyis évoque les humiliations et les méfaits exécrables dont lui et autres prolétaires sont les victimes ; son angoisse, convaincu qu’il est : «…ou paka marye chen ak chat / Ni rat ak chat pa ka viv lan menm kay / Poul pa ka tetelang ak malfini / Ni ravèt pa dòmi nan nich poul » mais doit accepter l’alliance avec Biennere.

Conclusion

L’analyse de deux pièces ne saurait donner un jugement d’ensemble sur un théâtre de 22 pièces. Elle peut tout au plus reconnaître les lignes générales de la pensée de Papadòs dramaturge dont le théâtre, si révolutionnaire soit-il, n’est pas un manifeste politique. Nan Soulye Washington et Ròchenansolèy indiquent, néanmoins, une rupture avec le système néolibéral et le renversement de ses agents locaux au pouvoir. L’enseignement qui s’en dégage requiert un changement de la mentalité des forces révolutionnaires destinées au renversement de la bourgeoisie commerciale et de la bourgeoisie d’État qui dirigent le pays. Une nouvelle mentalité s’entend de la notion d’inclusion, de la réconciliation avec des progressistes ayant des points de vues différents mais non antagoniques, du rejet de la dictature, de la corruption, du népotisme, de toutes les inégalités en cours, de l’adoption d’une distribution équitable des ressources du pays, de l’abolition de la violence contre les femmes et les enfants, de la participation à part égale de celles-ci dans le gouvernement, de la priorité de l’agriculture, de la défense de la souveraineté de la nation, de la sécurité alimentaire et des personnes.

Un hommage spécial à rendre à Papadòs pour sa résilience dans une représentation théâtrale qui chaque année, à l’occasion de la fête des mères, met l’accent sur l’obligation d’abolir la violence contre la femme qui s’exerce dans nos villes, nos campagnes, la diaspora. Violence physique, verbale, viols, notion de la supériorité de l’homme, explicite ou implicite dans les petits détails de la vie courante. Une véritable croisade pour l’égalité des droits et le respect de l’épouse, de la mère, de la compagne, de la célibataire, de la femme en général. La représentation de Bònatoufè, le 30 mai courant, à Boston, offre l’occasion d’un tel engagement.

—Franck Laraque, 18 mai 2010, Professeur Emérite, City College, New York

Les œuvres d’André Fritz Dossous (Papadòs)

Poésie

Deux recueils de poèmes

Pataswèl, 1987

Pikankwenna : Powèm ak Pwòz, 2006

Poèmes publiés dans les journaux

« Nan Lakou Ozanfè » Haïti Progrès 18-24 avril 1984

« Grèv ! » Haïti Progrès 7-8-1987. « Malfini », « Réflexion », « Pou Libète Paweze »,

« Kandida » Haïti Progrès, 1987, Haïti en Marche, 1987, Haïti Observateur, 17-24 Juillet 1987.

« Nwèl nan Chankann » Haïti en Marche, 1988.

« Maladi Opresion ! » Haïti Progrès 11-17 octobre 1989. « Pawòl Jezilòm » mai 1989. « Pati » 17-22 mai 1989. « Labri diswa » 31 mai-juin 1989. « Lank pa Nou !» 28 juin-4 juillet 1989. « Chimen Lespwa » 1-7 novembre 1989 ; Tanbou, 1994.

« Ou Menm ! » Haïti Progrès, 31 janvier-6 février 1990.

« Tristès Pitit » Haïti en Marche, 17-22 mai 1995.

« Plent # 1, Ròchenansolèy » Tanbou, 2009.

« Lafwa ! » Haïti Liberté, 2010 ; Tanbou, 2010.

« Pa Kriye Nègès ! » Haïti Liberté, 2010 ; Tanbou, 2010.

Théâtre

Deux pièces publiées : Ròchnansolèy, 1994.

In Washington Shoes / Nansoulye Washington, 1995.

Pièces jouées mais inédites :

Cliché d’une époque, 1979, Boston.

Noel nan Koridò Lakay, 1979, 1982, Boston.

La Femme et le Diable, 1981, Boston ; 1983, Miami ; 1990, Montréal.

Manman Pa Janm Sevre Pitit, 1982, Boston ; 1987, Miami.

Oun Fou Nan Mitan Pòtowens, 1983, New York ; 1985, Miami.

Yon Malèt Kado pou Ayiti, 1984, Boston ; 1984, New York.

Nou Tout Se Eritye, 1983, Miami ; 1987 Boston ; 1988, Montréal ; 1999, Port-au-Prince.

Adjipopo 1989, Boston (exposé de Paul Laraque : « Rôle du théâtre dans la vie d’un peuple ») ; 1989, Montréal.

Jezilòm, 1989, Boston.

Bondye, 1996, Boston.

Soul mother (baton vieyès), 1999, Marriet McCormack Center for the Arts, Boston.

Soul Mama, 1999, Boston.

Sezon Malfini, 2000 Boston.

Maryay Dyaksoudyak, 2002, Boston.

Zansèt Yo Leve, 2003, Boston.

Manman Prye Pou Mwen, 2004, Boston.

Nan Peyi Jechat Tout Maryaj Se Maryaj, 2008, Boston.

Pour l’achat des 2 recueils : Pataswèl et Pikankwenna, des 2 pièces : Nan Soulye Washington et Ròchenansolèy, s’adresser à : André F. Dossous 12 Cedar Avenue, Randolph, MA 02368, tel : 781-986-9862. E-mail : papados@nethere.com

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