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Poèmes en français

Poème de Suzy Magloire-Sicard

Une fleur sauvage dans le jardin de Luxembourg.

Une fleur de champs dans le jardin de Luxembourg, Paris —photo par David Henry

Dialogue inachevé

La vieille s’assied,
un peu fatiguée,
fatiguée d’avoir travaillé
toute la journée.
Le vieux, lui, comme
toujours, bien confortable dans son fauteuil,
lit son journal.

La vieille, elle, réfléchit et
pense
aux enfants qu’elle a si bien élevés.
Ils ont bien réussi: Marthe est infirmière,
Fernande est professeur de langues, Justin est architecte
Et Michel lui, poète invétéré, comme son père, se promène
à travers le monde.

De temps en temps,
quand il en a le temps,
il envoie une carte à ses
chers parents. En six ans,
il en a envoyée deux.
Deux cartes qui ont jauni
avec le temps et que les doigts
tremblotants de la vieille ont caressées
si souvent.

Le vieux, lui, lit son journal.
La vieille qui a gardé la fraîcheur de ses vingt ans,
pas sur son visage,
bien sûr
mais dans son cœur, se sentant un peu seule,
essaie de briser
le silence.
Ce silence
qui s’était établi entre eux depuis plus
de trente ans.

«Te souviens-tu de notre premier baiser?
Le vieux toujours absorbé par son journal et
sans se soucier de regarder sa femme, répondit
«oui»
«C’était au printemps de 1942.»
Le vieux de répondre «oui»
«Je me souviens même de la robe que
je portais, une robe rose tres jolie, avec de
petites fleurs mauves.»
Le vieux «oui»
«Tu m’apparus si beau ce jour-là!»
«oui» «oui» «oui»
Soudain, le vieux inquiet de ce silence familier qui
s’était rétabli
entre eux,
regarda du côté de sa femme.
Elle était
morte!

—Suzy Magloire-Sicard

Poèmes de Edner Saint-Amour

(Extraits du livre inédit Album poétique II)

Poésie comme dialogue

La poésie est un dialogue avec les merveilles de la nature. Notre âme se laisse bercer à sa guise par l’eau, le soleil, la lune, les étoiles, la fleur, les arbres, la mer, la terre, la prairie, la beauté de la femme, la neige, l’ouragan, l’orage, la foudre, le tonnerre, le volcan, le tremblement de terre; tout qui séduit, attire, émerveille ou étonne. Le cœur en parle à loisir. Bref c’est un véritable mode de communication entre deux mondes, celui de l’âme humaine et de la nature. La poésie est une célébration des merveilles de la nature. On les chante, les transforme en art. La poésie est la manifestation de nos sens et de notre esprit.

Une attitude capitale que doit avoir le poète consiste à concentrer son énergie sur l’art c’est-à-dire sur l’œuvre créée ou à créer. En mille façons, la poésie est un outil de compensation. La poésie donne au poète la sensation de l’accomplissement de quelque chose de beau. La beauté à travers l’art est donc un idéal capital que doit rechercher le poète.

La recherche du poète à travers l’océan de l’art, plus particulièrement la poésie, peut être diverse. Et elle varie de poète en poète. À travers son œuvre d’art, certains poètes recherchent la beauté des rimes, d’autres la beauté du son, la beauté de la mesure. Tout dépend de la nature de ce qui attire le poète. La poésie est enfin la mise en forme en art de ce qui attire le poète.

La poésie, entendue dans son sens large, peut être définie. Pour nous la poésie est avant tout et parmi tant d’autres une forme d’écriture renvoyant à trois choses, image, précision et confusion.

Poésie comme image: La poésie est avant une image par laquelle nous nous représentons la réalité. Comme dans un phénomène optique où l’on parle d’objet et d’image, d’une personne et sa photo.

Poésie comme précision: Mais l’image dont on se sert pour nous représenter la réalité, pour être comprise, doit manifester une certaine clarté ou précision. Autrement dit, cette écriture ne doit pas être vague. Et l’on sait pourquoi. Si tout est vague, la compréhension se révèle impossible. En ce sens, la poésie connote d’abord l’idée de définition: sujet, idée, titre, thème, strophe, œuvre. Ensuite la poésie comme précision renvoie à la règle de grammaire, au style. C’est l’application des règles de grammaire et la manière d’application de ces règles qui rendent précise une pièce de poésie.

Poésie comme confusion: Si tout ne doit pas être vague, tout non plus ne doit être précis. À travers l’écriture, des choses sont restées cachées et diffuses que le lecteur remontera à partir d’un minimum d’attraction pour en saisir le sens. La poésie comme confusion renvoie à la diffusion, au caché. C’est surtout le côté caché ou diffus qui fait la richesse de la poésie. Le côté diffus peut reposer sur diverses choses et dépend surtout du poète. Cependant, une pièce de poésie ne doit pas être trop confuse sinon la compréhension se révèlera impossible. C’est l’application de certaines règles qui laissent traverser une pièce de poésie par une certaine clarté. Dans ce cas on peut même essayer de déterminer le degré de précision et de confusion d’un poème. Les images utilisées sont à être évaluées aussi dans ce sens.

Hymne à la nature

Fidèle âme

Je connais la nature toujours fidèle
Comme la voix divine qui nous appelle
Elle nous invite à nous perdre en son sein
Pour y savourer ce qu’elle a de plus sain.

La nature est une fidèle Dame
Nous explorant dans la joie et le drame
Elle est la gardienne qui veille sur nous
Nous épargne même au jour du courroux

La mère qui nous allaite d’amour
Nous protège chaque instant de nos jours
La nature n’est pas comme le papillon
Qui vole d’environ à environ.

Elle est toujours là, la nature
À travers toute sa verdure
Qui répond à nos besoins
En nous couvrant de ses soins

Nature n’est pas une pièce d’argent
Qui nous quitte toujours en achetant
Elle est une mère, une fidèle âme
Qui nous berce dans la joie et le drame.

La nature est une âme fidèle
Qui toujours nous interpelle
Confions nous toujours en la nature
Qui nous couvre toujours de sa verdure.

Maîtresse

La poésie est dans la nature
Dans la feuille et sa verdure
À travers l’ombre de la vallée
Comme à travers le champ de blé.
Tout dans la nature nous inspire

Romance, mélodrame et satire

Tout dans la nature nous rassure
Des vers, rime, rythme et mesure.

La nature est comme une grande muse
Qui nous inspire et nous amuse
Elle apporte au cœur la gaieté
Couvrant l’âme de félicité.

Partons, partons à l’aventure
Dans la fraîcheur de la nature
Elle est là cette grande maîtresse
Qui nous accueille avec sagesse.

Elle chatouille le cœur, berce l’âme
Remet tout notre univers au calme
Elle est là cette grande maîtresse
Qui nous accueille avec sagesse.

Jamais la nature nous déçoit

À jamais nous inspire la joie

Elle est là cette grande maîtresse
Qui nous accueille avec sagesse.

Partons, partons à l’aventure
Dans la verdure de la nature
Elle est là cette grande maîtresse
Qui nous accueille avec sagesse.

Famille

C’est dans la nature
À travers sa verdure
Que nous sommes nés
De nos mères bien aimées.

C’est dans la nature

À travers sa verdure
Que le mutisme du tombeau
Nous couvre de son manteau.

Nature est notre famille
Dont nous sommes fils et filles
Parlons avec la nature
Par nos vers, rimes et mesures.

Foi

En ce monde où tout est argent
De la ferraille jusqu’à l’encens
Plaisir est au caprice des marchands
En ce sens rien n’est rassurant.

Logeons dans la foi
De tout notre émoi
Dans la fraîcheur de la nature
Dans la douceur de sa verdure.

L’argent est un agent qui vacille
Comme une feuille, comme une bille
Mais nature nous accueille toujours
À la porte de son grand amour.

Ouvrons nous l’âme à la nature
Berçons nous le cœur dans sa verdure
Plongeons nous dans sa foi qui est toujours là
Au terme de nos jours, à l’instant du trépas.

Elle est la mère fidèle à tout instant
Qui n’abandonne point ses enfants
Plongeons nous dans sa foi, elle est toujours là
Au terme de nos jours, à l’instant du trépas.

Sans prix

Si tout le long de ses loisirs
on pouvait bien tirer plaisir
de tout ce qui ne coûte rien
sans se transformer en vaurien,
la vie serait bien moins coûteuse
Ô la vie serait plus heureuse!

Non loin d’une vieille forêt
accostée par un long marais
bien sûr se repose une pierre
où l’on s’encense de prière.

Pendant que tout reste bien calme
en une paix qui berce l’âme
cette pierre nous invite à l’arène
sans nous faire aucune, aucune peine.

C’est là sans argent et sans prix
c’est là sans prix voire sans merci
j’ai su bien mener ma campagne
avec seulement Dieu pour compagne.

Oui! au plein de mon comble j’ai joui
du grand verre mielleux de la vie
bien sûr sans argent et sans prix
bien sûr sans prix voire sans merci.

Là où la paix nous entoure
de son grand manteau d’amour
venez vous tous vous bercer l’âme
là où tout reste bien calme.

Charge

Tout le long de mes vieux jours
j’ai chargé mon cœur d’amour
Et dans une telle atmosphère
je respire un nouvel air.

Tout le long de mes journées
j’ai chargé mon âme d’amitié
Et dans une telle atmosphère
je respire un nouvel air.

Tout le long de mes ambitions
j’ai chargé mon cœur de passion
Et dans une telle atmosphère
je respire un nouvel air.

Oui! Partout où j’ai passé
j’ai cultivé l’amitié.
Et dans une telle atmosphère
je respire un nouvel air

Dans la nature

J’aime errer à travers la forêt
pour respirer l’air du bosquet
en me perdant dans la nature
en me fondant dans sa verdure.

Je laisse aller tout mon esprit
jusqu’aux confins de l’infini
en ne pensant à rien, à rien
sauf la nature qui me retient.

Ainsi je vois donc le beau jour
ouvrir son grand manteau d’amour
pour me couvrir d’heure après heure
de tendresse d’une exquise candeur.

J’aime errer à travers les bois
pour bien me régaler de joie
là où rien ne trouble ma paix
là où je vis sans être inquiet.

Laisse moi me perdre en la nature
dans la vallée de sa verdure
là où l’âme trouve son asile
le cœur reste à jamais tranquille.

Où l’on respire la tranquillité
sous le rythme doux de la gaieté
où le cœur se met en repos
et l’âme vit loin de tout défaut.

C’est ainsi loin de tous les mots
que je me sens bien dans ma peau
que tout reste en pleine harmonie
jusqu’aux confins de l’infini.

Cri des morts

Au tombeau où tout le monde dort
au mutisme du lugubre sort
Las! J’ai entendu crier les morts:
Notre sort muet n’a point de port
à jamais il poursuit son transport.

Là où l’on s’écroule de maux
au mutisme froid du tombeau
las! J’ai entendu crier les morts:
Notre sort muet n’a point de port
à jamais il poursuit son transport.

Au silence tout muet de la tombe
là où bien des âmes et cœurs tombent
Las! J’ai entendu crier les morts:
notre sort muet n’a point de port
à jamais il poursuit son transport.

Message

Quel que soit le degré de prestige
les morts n’ont laissé que des vestiges
qui nous parlent du temps
où ils étaient vivants.

Abord de la barque du trépas

toujours l’homme s’en va dans l’au-delà
où tout témoigne d’une seule chose
la vie a cessé d’avoir une cause.

Tout a cessé en un seul jour
depuis la haine jusqu’aux amours
tout disparaît au jour du trépas
tout plaisir qu’inspire un repas.

Une fois perdu dans l’au-delà
et la bouche close à cent cadenas,
de tous nos sens s’éloigne la barque
en ne nous envoyant aucun feedback.

Pourtant dans leur éternel passage
le silence des morts laisse un message:
la mort à tout âge n’a point de port
à jamais elle poursuit son transport.
(août 2002)

World Trade Center

Pour témoigner de sa puissance économique
New York a construit des œuvres titaniques
des buildings gigantesques, des gratte-ciel
parlant le langage de la mémoire éternelle.

World Trade Center là où j’ai déjà passé
dans le néant total à jamais s’est dispersé
n’y reste que ruines, décombres et débris
des masses de vestiges sans âme et sans vie.

À New York ce qui tenait de légende
à présent est ruine, poussière et cendre.
Absolument rien n’est épargné de ce désarroi
ni monde qui s’y abrite ni mur qui soutient le toit.

Combien de chers souvenirs se sont dissipés
à jamais dans le néant, le feu et la fumée!
Combien de gens à jamais ont disparu
sans asile ni sous la terre ni à travers les nues.

Hélas! dans les entrailles de ces décombres
se cache une horreur sans égale et sans nombre.
Et des larmes gonflent l’œil comme flots de rivière
des cris choquent l’âme tels des échos dans les airs.

La pire tragédie en est ainsi arrivée,
de notre vivant nous l’avons constatée.
Amèrement nous pleurons en trompette ou silence
où nous voyons notre âme se perdre dans la transe.

Bien des cœurs qui par ce choc sont frappés
s’entraînent dans un flot de sentiments agités
où le chagrin, la peine cède le pas à la colère
Hélas! nous sommes à peu de mètre de la guerre.

Malgré tout je pense que la main meurtrière
qui à nos yeux dessine une grande rivière
n’était pas à la simple recherche du sang
mais du sens à notre monde délinquant.

La chute du World Trade Center
transformé en fumier de la terre
ne marque pas un trou dans l’histoire
mais une page d’une sombre mémoire.

Avec la barque de la présente existence
où la vie suit sa course en perte de référence
ne faut-il pas nous faire un bilan sage
de ce monde dont l’argent est l’unique visage?

Le capitalisme nous tue tout noble sentiment
en ne laissant que l’intérêt comme survivant.
Ainsi l’âme se perd dans un monde d’enfer
mais l’humanité nous appelle à le refaire.

Le Capital transforme l’homme en nuisible héros
le gros mange le petit et le petit pique le gros
ainsi nous nous plongeons dans la perversité
dans un rythme croissant à l’éternité.

De la chute du World Trade Center je retiens une leçon
celle que donne Lafontaine dans le lion et le moucheron.
Le lion dit au moucheron, va-t-en petit excrément de la terre
À ces mots malsains le moucheron lui déclara la guerre.

D’un coup, l’insecte sauta dans l’oreille du lion
qui, gémissant, sillonnent tous les environs
jusqu’au point où le roi des animaux
devient fou et se meurt de ses maux.

Devant ce drame dont New York goûte l’inclémence
fort, lui faut-il crier vengeance, vengeance, vengeance.
Non! Mer de violence ne charrie que violence
c’est ainsi que crime maintient sa permanence.

Au contraire de l’Amour nous devons nous armer
pour le partager tous devant l’autel de l’humanité.
L’unique bien au monde qui restera en parfaite entité
après l’avoir tout donné, tout séparé, tout partagé.

Le seul don naturel qui, en se partageant, se multiplie
et nous entraîne dans un courant qui nous fortifie.
Cultivons le partout au tréfonds de notre cœur
et nous hériterons le royaume du bonheur.

(15 Septembre 2001)

—Edner Saint-Amour tirés de Album poétique II

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